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A L’ACADÉMIE FRANÇAISE.


au milieu du tumulte de la guerre ; et le vaisseau de Cook, respecté sur les mers, a prouvé que la France regarde les lumières comme le bien commun des nations. Déjà l’on voit s’abaisser ou s’ouvrir ces barrières qui gênaient le commerce des différents peuples. Nuisibles, surtout, à celui qui les élève, elles ne servaient qu’à fomenter les haines nationales et à corrompre les mœurs, par la contradiction nécessaire qu’elles font naître entre l’espérance d’un gain facile et le devoir, entre l’opinion du peuple et celle de la loi. Plusieurs souverains ont enfin reconnu que le véritable intérêt d’une nation n’est jamais séparé de l’intérêt général du genre humain, et que la nature n’a pu vouloir fonder le bonheur d’un peuple sur le malheur de ses voisins, ni opposer l’une à l’autre deux vertus qu’elle inspire également ; l’amour de la patrie et celui de l’humanité. Ils ont senti que la véritable grandeur d’un prince se mesure sur la félicité de son peuple. Législateurs plutôt que monarques, ils ont fait du pouvoir absolu l’organe pur et sacré d’une raison éclairée et bienfaisante.

Qu’il est doux à la France de voir son jeune roi donner au monde le spectacle d’un souverain qui, dans ses premières lois, a montré le désir de rendre à ses sujets cette liberté personnelle, cette propriété libre, ces droits primitifs que l’homme tient de la nature, et que toute constitution doit lui conserver ; d’un souverain, dont la première alliance politique est une protection généreuse accordée à ce peuple si nouveau et déjà si célèbre, que l’oppression forçait à chercher un asile dans la liberté, dont enfin