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A L’ACADÉMIE FRANÇAISE.

Citoyen attaché à son pays, il applaudissait au bien, et gardait sur le mal un triste silence ; respectant dans les autres le droit qu’a tout homme de dire hautement la vérité, lorsqu’il la croit utile ; applaudissant à ceux qui en avaient le courage ; mais se dé défiant trop de ses lumières, pour se croire appelé au devoir d’éclairer ses contemporains.

Sa probité était sévère, et sa vertu douce. Il jugeait les autres avec cette indulgence que l’expérience donne toujours à un esprit naturellement juste, excusant les erreurs, gardant sa haine pour les vices réels, la bassesse, la fausseté, l’ingratitude, la dureté, l’injustice ; et pardonnant à la foule des hommes faibles, en faveur des hommes vertueux qu’il avait eus pour amis.

Ce mot me rappelle, Messieurs, que je suis au milieu d’eux. Il ne m’appartient pas de leur peindre ce qu’ils ont connu mieux que moi : chaque mot que je me permettrais d’ajouter encore, retarderait pour l’assemblée, qui a eu l’indulgence de m’écouter, le plaisir qu’elle attend d’un plus digne appréciateur des talents de M. Saurin, d’un juge plus éclairé de son caractère et de ses vertus.


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