comme il avait voulu ne monter aux grades militaires
que par ses services. Il n’accepta le titre d’académicien
qu’après avoir envoyé à l’Académie un
mémoire sur la géographie de la mer Caspienne,
comme il n’avait pris le titre de vice-amiral qu’après
une victoire. On l’avait vu rechercher avec empressement,
dans tous les pays, les hommes qui pouvaient
lui donner des lumières utiles pour ses sujets, ne se
reposant que sur lui-même du soin de les instruire,
comme du devoir de les gouverner : dès lors il fut
aisé de prévoir que les bornes de l’Europe allaient
se reculer, et que les sciences avaient conquis un
nouvel empire.
Cette époque d’une si grande révolution pour la Russie fut aussi celle d’une révolution heureuse pour les sciences dans l’Europe entière. Jusque-là, plusieurs souverains les avaient protégées, soit par un goût naturel pour quelque genre de connaissance, soit par un désir ardent de la gloire. Mais le czar a montré le premier, par sa conduite, qu’un prince doit regarder la protection accordée aux sciences, et comme une sage politique dictée par son propre intérêt, et comme un véritable devoir, puisque leurs progrès sont une des sources de la prospérité des États et de la félicité des peuples.
Cette opinion est devenue celle des souverains de toutes les nations policées. Des établissements formés partout en l’honneur des sciences, en ont répandu les principes et inspiré le goût dans les provinces comme dans les capitales. Les heureux effets de cette protection ont été si prompts et si étendus,