Aller au contenu

Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/622

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
420
DISCOURS


périence, il les force, pour ainsi dire, à se présenter au gré de sa volonté ; il faut encore que les lois auxquelles ils sont assujettis, se marquent par des révolutions dont la durée n’excède point ce court espace que la nature a marqué à notre existence. Si cette heureuse réunion de circonstances ne vient point au secours de notre faiblesse, les efforts du génie peuvent rester longtemps inutiles.

Cette foule de phénomènes que nous présente l’atmosphère, ses variations si promptes qu’il nous est impossible de prévoir, suivent cependant des lois générales. Ces phénomènes dépendent de causes constantes, universelles ou locales ; mais la nature de ces causes est à peine soupçonnée, et les lois qu’elles suivent nous sont inconnues. Soumis, pour notre existence, pour tous nos besoins, à l’influence de ces phénomènes, en deviner les causes serait presque les maîtriser. Si l’homme pouvait prévoir les révolutions des saisons, il deviendrait en quelque sorte indépendant d’elles ; car, dans cette science comme dans presque toutes les autres, toute découverte est une conquête de l’homme sur la nature et sur le hasard. Mais, pour s’élever à cette connaissance, il faudrait connaître et la liaison qu’ont entre eux les phénomènes de l’atmosphère dans les différentes parties de la terre, et les lois de leurs périodes, dont les révolutions s’étendent peut-être à des siècles entiers ; il faudrait embrasser dans ses recherches et tous les climats et une longue suite d’années. La terre que nous habitons, les révolutions qu’elle a essuyées, celles que les siècles futurs doivent y amener, nous