Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/621

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
419
A L’ACADÉMIE DES SCIENCES.


flexions deviendra plus frappante, si l’on jette ses regards sur l’état des sciences en Europe. D’un côté, on sera frappé des progrès rapides qu’elles ont faits depuis un demi-siècle, de cette immense collection de vérités ignorées de nos pères, du grand nombre des méthodes, et, pour ainsi dire, des sciences nouvelles qui ont ajouté à la force de l’esprit humain et à ses richesses. On sera surpris de cette multitude d’hommes que de véritables découvertes ont placés dans cette première classe de l’humanité, celle des inventeurs ; mais, en même temps, on verra que plusieurs parties des sciences se sont dérobées à cette impulsion générale, et on observera que ce sont précisément celles où le génie seul ne peut trouver en lui-même, ni ses moyens, ni la récompense de ses efforts ; celles où une découverte importante ne peut être le prix que des recherches de plusieurs siècles et des travaux de plusieurs peuples. Qu’il me soit permis de développer ici cette observation et de l’appuyer par quelques exemples : parler en cette occasion de ce que les sciences ont droit d’attendre encore du secours des souverains, c’est nous entretenir de nos espérances.

Tout concourt à prouver que la nature entière est assujettie à des lois régulières ; tout désordre apparent nous cache un ordre que nos yeux n’ont pu apercevoir. Il ne peut être connu que par l’observation des faits, dont l’ensemble ou la suite sont nécessaires pour rendre cet ordre sensible à notre faible vue. Il faut donc que ces faits puissent se réunir sous les yeux d’un observateur, ou que, par des ex-