jours, s’est élevée du sein des marais de la Neva, ou
voit un homme d’un génie infatigable (M. Euler), produire
des découvertes profondes, avec une fécondité
qui étonnerait, dans les genres les plus futiles, sans
que l’âge lui ait rien ôté de sa force, ni la perte de
la vue, de son ardeur ou de son incroyable facilité ;
semblable (si pourtant ce n’est point rabaisser de
grands hommes que de leur comparer des héros fabuleux),
semblable à ce Tirésias que les dieux privèrent
de la vue pour le punir d’avoir pénétré leurs
secrets, mais à qui le Destin les força de laisser cette
science divine dont ils avaient été si jaloux.
Si l’on a pu former l’espérance de voir les princes se réunir pour accélérer les progrès de l’esprit humain, c’est sans doute dans l’époque où nous vivons. Les princes, que les connaissances qu’ils ont acquises, et l’état florissant des sciences dans leur empire sembleraient dispenser de recourir à des lumières étrangères, s’empressent cependant, non de les appeler auprès d’eux, mais de les chercher, et mettent leur gloire à remporter dans leur pays ces trésors, les seuls qu’on puisse partager, sans rien ôter à ceux qui les possèdent. Les souverains se hâtent de détruire à la fois les barrières élevées entre les peuples par ces prétendus intérêts nationaux, fantômes créés par la cupidité et par l’ignorance, et celles que des préjugés de toute espèce mettaient entre tous les sujets d’un même empire.
On sait enfin que tous les hommes ne forment qu’une seule famille, et n’ont qu’un seul intérêt. Le nom de l’humanité, de ce sentiment qui embrasse les