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A L’ACADÉMIE FRANÇAISE.


stances difficiles, que le respect pour la qualité d’homme était toujours et votre premier mouvement et votre premier devoir.

Une nouvelle carrière s’ouvre devant vous. Ces mêmes peuples, qui vous ont vu avec étonnement dessiner les monuments antiques que leur indifférence foule aux pieds, vous reverront, trop tôt pour nous, honoré de la confiance d’un prince, leur fidèle et généreux allié. La politique de l’Europe (du moins celle qu’on avouait) fut longtemps dirigée contre cet empire, alors redoutable, et aujourd’hui, celle de plusieurs Étals semble chercher à le soutenir ou à le défendre : mais, ce qui doit honorer et notre pays et notre siècle, elle ne veut employer que des moyens avoués par la justice et conformes à l’intérêt général de l’humanité. Menacé par des nations puissantes et éclairées, le trône des Ottomans ne peut subsister s’ils ne se hâtent d’abaisser les barrières qu’ils ont trop longtemps opposées aux sciences et aux arts de l’Europe. Celte vaste domination, qui embrasse tant de belles contrées, qui renferme tant de peuples jadis si célèbies, qui, s’étendant des sources du Nil aux rives du Pont-Euxin, réunit tous les climats et devrait réunir toutes les productions, ne peut plus appartenir qu’à une nation qui connaisse le prix des lumières. Les lumières sont le secours le plus efficace que cet empire puisse recevoir de ses alliés ; et l’art des négociations, qui a été si longtemps l’art de tromper les hommes, sera dans vos mains celui de les instruire et de leur montrer leuis véritables intérêts.