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DISCOURS


su répondre à la confiance dont les fondateurs du Lycée nous ont honorés, et remplir des vues si utiles et si sages.

On ne peut avoir aucune connaissance positive ni du temps, ni du pays où les sciences ont eu leur berceau. Elles ont dû naître également chez tous les peuples dès l’instant où les progrès de la civilisation ont permis à un certain nombre d’hommes de jouir d’un loisir durable, et c’est un bienfait qui répare du moins en partie le mal que l’inégalité des richesses continuera peut-être longtemps encore de faire à l’humanité. Partout on a dû parvenir aux mêmes résultats par les mêmes méthodes, puisque la vérité est une pour tous les hommes, puisque la nature est partout assujettie aux mêmes lois. Enfin, si l’on réfléchit sur ce qu’il faut avoir acquis déjà de connaissance pour savoir régler l’année, on sentira de combien de siècles l’époque de la première origine des sciences a dû précéder celle où un peuple a pu avoir une histoire appuyée sur la chronologie et éclairée par des dates précises.

Aussi le premier fait de l’histoire des mathématiques qui ne soit qu’incertain, est la découverte de la propriété si connue du triangle rectangle ; découverte qu’on attribue à Pythagore. Peut-être même ne fit-il qu’apprendre cette vérité des Égyptiens ou des Indiens, mais il eut de plus qu’eux le mérite d’en sentir toute l’importance. Elle le conduisit à observer qu’il existait, entre les grandeurs, des rapports réels et rigoureusement déterminés, rapports que cependant on ne pouvait exprimer par aucun