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SUR LES SCIENCES MATHÉMATIQUES.


langage ordinaire ces signes et ces raisonnements, il faudrait souvent plusieurs pages pour exprimer ce qui est contenu dans une demi-ligne, et l’on ne pourrait retenir, sans un effort d’attention et de mémoire presque au-dessus des forces humaines, la même suite de raisonnements qu’un homme accoutumé à ce langage saisit avec facilité d’un seul coup d’œil.

Mais cette facilité est encore le prix du travail et de l’habitude. Il suffirait, pour s’en assurer, délire les ouvrages des mathématiciens du dernier siècle ; on y verrait souvent des hommes d’un grand génie arrêtés, au moment même où ils touchaient à une découverte importante, par des difficultés de calcul qui, après quelques années d’études, n’embarrasseraient pas aujourd’hui un mathématicien médiocre, familiarisé avec ces opérations devenues élémentaires.

Aussi, dans l’étude de ces sciences on a moins besoin d’un maître que d’un guide. Ce n’est point la science même qu’on peut apprendre de lui, mais la méthode pour l’étudier. Il ne faut pas qu’il vous montre les vérités que vous voulez connaître, mais seulement qu’il vous indique la route qui y conduit, et qu’il aplanisse devant vous les obstacles qui retarderaient votre marche.

Cependant il arrive très-souvent, dans les détails de la vie, dans le cours d’études différentes de mathématiques, de sentir le besoin de ces sciences, d’être embarrassé par les calculs même les plus simples. Plus souvent encore, ceux qui les ont cultivées,