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ET LE CALCUL DES PROBABILITÉS.


stabilité ; se croire emporté dans l’espace par des mouvements très-rapides, et cependant se sentir en repos ; exécuter, sur un globe qui tourne sur son axe avec une vitesse prodigieuse, tous les mouvements possibles sans qu’ils soient dérangés par celui du globe même, il y avait là, sans doute, de quoi étonner l’imagination et révolter les esprits vulgaires. Jamais jusqu’à cette époque la raison humaine n’avait remporté sur les sens une victoire aussi glorieuse.

Ne blâmons point les hommes qui peut-être résistèrent alors trop longtemps aux preuves de la vérité ; songeons que sur d’autres objets nous défendons encore tous les jours, avec opiniâtreté, des préjugés qui paraîtront à nos descendants plus grossiers et moins excusables ; et ne condamnons que ceux dont l’imbécillité ou l’hypocrisie, employant contre la philosophie les armes de la persécution, osèrent punir Galilée d’avoir détruit des erreurs, et combattirent la raison, au nom du Dieu de qui ils se vantaient de l’avoir reçue.

Voilà, Messieurs, les objets qui vous seront présentés dans les deux premières parties de ce traité ; bientôt un spectacle plus grand frappera vos regards. Jusqu’alors l’observation avait tout fait ; mais dans le même temps où elle perfectionnait l’astronomie, où la découverte des nouveaux instruments donnait aux observations une précision jusqu’alors inconnue, des hommes de génie posaient les fondements de la science du mouvement. Galilée donna des lois auxquelles sont assujettis des corps animés par une