- (1790-1791.)
Du temps de Théophraste, les villes grecques n’avaient plus qu’un vain simulacre d’indépendance ou de liberté. Soumises à l’influence des armes et de l’or des successeurs d’Alexandre, qui les divisaient, elles attendaient un maître. La légèreté du peuple d’Athènes, son ingratitude envers ses meilleurs généraux et ses plus dignes citoyens, qu’ils condamnaient par caprice, pour s’en repentir le lendemain ; sa fureur de décider par lui-même de tout ce qu’il ne pouvait entendre, d’être à la fois législateur, juge, administrateur des deniers publics, étaient la principale cause de ses maux ; et les vices des Athéniens étaient le crime de leurs orateurs, qui les flattaient pour en faire l’instrument de leur avarice, de leur ambition, de leur vengeance ; qui n’aspiraient à les conduire que pour les vendre au tyran domestique ou étranger qui voudrait les acheter.
C’est contre ces orateurs, qui achevaient alors de perdre la Grèce, que Théophraste paraît ici avoir dirigé ses traits. Quant à l’ami du peuple Philodème, Théophraste avait vécu du temps de Phocion, et on assure même qu’ils avaient été liés étroitement.
Philodème ne monte à la tribune que pour donner au peuple des conseils nobles ou utiles ; il dit ce qu’il croit vrai, sans songer s’il sera écouté avec applaudissement ou accueilli avec succès. Si le peuple a des opinions fausses, il les combat ; s’il a commis