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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/739

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DE LA SÉANCE DU 19 JUIN 1790.


féroce et l’absurdité sanguinaire de cette affreuse révolution française, énumérant les actes qui la dévouent à l’horreur de la postérité, il s’écrie : « Sur la motion de Condorcet, on fait brûler les immenses travaux des congrégations savantes, comme si sur le même bûcher on pouvait anéantir le passé ! »

(Gazette de France du 27 mars 1838.)

Notez le progrès, je vous prie : dans le Journal des Débats, Condorcet n’a fait brûler qu'un premier volume, compilé par les seuls Bénédictins ; dans la sainte Gazette, il a fait brûler les travaux des congrégations savantes, tous les travaux, les immenses travaux de toutes les congrégations savantes ! Il y en avait tant de savantes !

Voilà comme la congrégation écrit l’histoire, mais ce n’est pas la congrégation de Saint-Maur. Quelque Loriquet futur recueillera ce fait, et les pères jésuites, devenus enfin les maîtres de l’instruction publique, le feront apprendre par cœur dans les collèges.

Condorcet un brûleur de livres ! un ennemi des lumières ! et c’est la Gazette qui l’en accuse ! Cela ne rappelle-t-il pas ces beaux vers de Régnier, imités de Juvénal :

Scaures du temps présent, hypocrites sévères !
Un Claude impunément parie des adultères !
Milon, sanglant encor, reprend un assassin,
Gracche un séditieux, et Verres le larcin !

Le fragment qui suit, incomplet par malheur, semble une réponse préparée par Condorcet pour le Journal des Débats et la Gazette de France.


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