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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/758

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TABLEAU GÉNÉRAL


cier. C’est par ce seul moyen que l’on peut à la fois porter les derniers coups à la superstition comme au pyrrhonisme, à l’exagération de la crédulité comme à celle du doute.

C’est alors qu’on verra comment et pourquoi la force du sentiment qui nous porte à croire, s’affaiblit à mesure que les motifs de crédibilité sont appréciés avec plus d’exactitude ; et, par conséquent, pourquoi une sorte de défiance accompagne si constamment les grandes lumières, tandis qu’une conviction intrépide est le partage de l’ignorance.

C’est enfin par là qu’on reconnaîtra la véritable différence entre les jugements de l’instinct, qui dirigent impérieusement nos actions habituelles, et ces résultats de la raison, qui nous déterminent dans les actions importantes, ou qui fixent nos opinions spéculatives.

Il faut ensuite fixer les limites de la probabilité, d’après laquelle, suivant la nature de la question, on peut diriger sa conduite, et voir comment, suivant la différence des effets résultant d’une action ou de l’action contraire, on doit ne se déterminer pour un tel parti que sur des preuves, pour tel autre, d’après le plus léger degré de la probabilité.

On doit compter aussi, parmi ces applications aux opérations de l’esprit, les moyens techniques ou même mécaniques, d’exécuter des opérations intellectuelles : tel est l’art de former, soit des tableaux historiques, chronologiques ou scientifiques, soit des tables, soit des registres ; tel est celui de former ou de deviner les chiffres ; telles sont les machines arithmétiques ;