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TABLEAU GÉNÉRAL


simples en elles-mêmes, des considérations essentielles, mais difficiles à soumettre au calcul. On sent enfin qu’il faut trouver le moyen de connaître par des observations, la probabilité d’un jugement d’un seul, ou du moins les limites plus ou moins étroites entre lesquelles on peut renfermer cette probabilité.

Telle est l’esquisse très-imparfaite des deux premières parties de la mathématique sociale.

La théorie des valeurs et des prix qui en expriment les rapports, en les réduisant à une mesure commune, doit servir de base à cette partie de la mathématique sociale qui a les choses pour objet.

Sans cela, le calcul ne pouvant s’appliquer qu’aux choses d’une même nature, n’aurait que des applications très-bornées et d’une faible utilité.

Tout ce qui sert aux besoins d’un individu, tout ce qui est à ses yeux de quelque utilité, tout ce qui lui procure un plaisir quelconque ou lui évite une peine, a pour lui une valeur dont l’importance de ce besoin, le degré de cette utilité, l’intensité de ce plaisir ou de cette peine, sont la mesure naturelle.

Comme tous les hommes qui habitent un même pays, ont à peu près les mêmes besoins, qu’ils ont aussi en général les mêmes goûts, les mêmes idées d’utilité, ce qui a une valeur pour l’un d’eux en a généralement pour tous.

Si un homme qui, ayant besoin de blé, peut disposer d’une certaine quantité de vin, en rencontre un autre qui a besoin de vin, et dispose d’une cer-