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FRAGMENT DE JUSTIFICATION.


nels et contredisaient la déclaration des droits. Je me contentai de chercher et de proposer quelques moyens d’en diminuer les inconvénients. Par exemple, je développai l’opinion que le pouvoir exécutif devait être absolument dépendant du premier corps constituant, de celui dont le mode d’action n’aurait pas été réglé dans une convention antérieure, et qu’ainsi l’Assemblée constituante devait nommer le ministère.

Je proposai même la formation d’une liste d’éligibles, dans laquelle le roi serait forcé de choisir, ce qui affaiblissait le danger des mauvais choix.

J’avais rempli avec exactitude les fonctions de représentant de la commune, et j’y étais regardé comme un des amis de la liberté. Je n’avais essuyé que deux reproches (je ne parle point ici de ceux des aristocrates) : l’un d’avoir écrit contre le pacte de famille, et d’avoir par là voulu brouiller la France et l’Espagne. J’avais dit seulement que l’alliance avec l’Espagne devait être conservée si elle était utile, mais qu’il fallait l’appuyer sur des bases qui ne fussent pas une violation perpétuelle du droit des peuples, et j’avais tellement raison que, d’après la lettre du pacte de famille, c’est aujourd’hui au roi et aux princes émigrés que l’Espagne doit des secours. Le second reproche était d’avoir combattu la création des assignats. Je ne sais par quelle raison les hommes qui dominaient alors la portion la plus populaire de l’Assemblée constituante, avaient fait d’une affaire de finance une question patriotique, ni comment ils avaient persuadé qu’on ne pouvait vendre les