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FRAGMENT DE JUSTIFICATION.


biens nationaux qu’en organisant le papier-monnaie d’une certaine manière. Une discussion sérieuse entre les hommes qui entendaient ces objets eût amené un bon système. En y faisant intervenir les mouvements populaires, on est parvenu à faire triompher son opinion, mais on s’est mis dans la nécessité d’agir au hasard. On a gâté ce que l’établissement d’un papier-monnaie, s’éteignant successivement par la vente des biens nationaux, avait de véritablement utile. On a retardé les rentrées des ventes au lieu de les accélérer.

Ainsi, j’ai pu sans doute me tromper dans quelques parties de mon opinion ; mais elle avait pour objet de faciliter la vente des biens nationaux, et surtout d’en accélérer les rentrées. Ainsi, en m’élevant contre l’opinion populaire du moment, je défendais encore la cause du peuple.

On organisa la Trésorerie nationale ; on me proposa d’y occuper une place. J’avais publié un ouvrage destiné à prouver que ces places devaient être conférées par une élection populaire, et comme l’Assemblée nationale seule pouvait être alors un corps électoral, agissant au nom des quatre-vingt-trois départements, je désirais qu’elle fut chargée de l’élection. Elle avait préféré donner la nomination au roi. Ceux qui avaient le désir de me voir un des six commissaires suivaient, les uns, leur projet alors très-patriotique de commencer enfin à faire donner les places à des amis de la liberté ; les autres me croyaient propre à défendre le trésor public contre les ministres. Je n’ai point trompé cette der-