putés commencèrent dès lors à s’apercevoir que les directoires de départements, que les tribunaux appuyaient assez généralement la cause du ministère
dans cette guerre qu’il déclara au pouvoir législatif,
et qu’ainsi il existait déjà deux conspirations de la
cour contre la liberté : l’une, plus secrète, qui se
tramait par les confidents du roi avec les princes émigrés et les puissances étrangères ; et l’autre, dirigée par la coalition de l’Assemblée constituante, et qui tendait à faire servir la constitution à l’accroissement du pouvoir royal et à la destruction de la liberté.
Ce fut à peu près vers ce temps que M. de Narbonne entra dans le ministère. Je le connaissais pour un homme d’esprit, et je ne croyais pas qu’il pût se résoudre à n’être que le complice des Duport, des De Lessart, des Bertrand, et l’instrument de la coalition. Je causai avec lui, et il me parut avoir des idées assez justes sur les véritables intérêts du roi, qui devait chercher à regagner la confiance du peuple et à gouverner conformément au vœu de la majorité de l’Assemblée.
Mais j’entendais qu’il fallait que cette majorité s’établît d’elle-même, qu’il fallait bien se garder de chercher à en former une par les clubs des Feuillants, par des intrigues de salon, encore moins par la liste civile. J’entendais qu’il fallait suivre, non l’exemple du ministère anglais depuis le règne de George II, mais celui du ministère anglais sous Guillaume III, parce que ce n’était pas à la majorité de l’Assemblée comme pouvoir qu’il fallait céder, dans un temps où le mouvement révolutionnaire durait encore,