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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/792

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FRAGMENT DE JUSTIFICATION.


et la saine partie de la nation française étaient de son avis ; où les patriotes de l’Assemblée nationale et les citoyens attachés à la liberté étaient présentés comme une troupe de factieux. Cette identité parfaite entre l’opinion du cabinet de Vienne et les discours des partisans du ministère inquiétait d’autant plus, qu’il subsistait entre la Prusse et l’Autriche une alliance uniquement dirigée contre la liberté du peuple français, et que le ministère, par son obstination à maintenir le traité fait en 1748 avec la maison d’Autriche, par sa négligence à former une alliance avec la Prusse, dans un moment où elle était presque en état de guerre avec l’empereur, et à chercher, par le moyen de l’Angleterre, à rompre les premiers liens de ces deux puissances, montrait évidemment qu’il suivait dans les négociations un système contraire aux intérêts du peuple, mais favorable aux intérêts privés de la famille royale.

Le ministre des affaires étrangères fut décrété d’accusation ; le conseil, renouvelé en entier, fut formé d’hommes dont quelques-uns étaient amis de la liberté, et d’autres passaient pour l’être. L’empereur venait de mourir. Son successeur, pressé de s’expliquer sur ses intentions, répondit par des injures contre les Jacobins, annonça qu’il ne renoncerait pas à sa ligue offensive contre les droits du peuple français, et parla de griefs qui ne pouvaient se décider qu’après avoir essayé la force des armes. Le conseil fut alors d’avis de commencer la guerre. Le roi la proposa, et elle fut déclarée [1].

  1. Voyez t. X, p. 443.