sans peine que, malgré le bruit public, l’abbé
de Voisenon ne pouvait être l’auteur d’une pièce
si remarquable. Quant à lui, Voltaire, il espérait
échapper au soupçon, car la lettre supposait
des connaissances mathématiques profondes,
et, ajoutait-il : « Depuis les injustices que
j’essuyai sur les éléments de Newton, j’ai renoncé, il y a quarante ans, à ce genre d’études. »
Les hardiesses de la Lettre d’un théologien causèrent à Voltaire de très-vives inquiétudes. Il s’en expliquait avec tout le monde. Je ne veux pas, disait-il, à quatre-vingt-trois ans mourir ailleurs que dans mon lit. En écrivant à M. d’Argental (17 août 1774), il caractérisait ainsi l’auteur de l’opuscule : « On ne peut être, ni plus éloquent, ni plus maladroit. Cet ouvrage, aussi dangereux qu’admirable, armera sans doute les ennemis de la philosophie… Je ne veux ni de la gloire d’avoir fait la Lettre d’un théologien, ni du châtiment qui la suivra… Je suis fâché qu’on ait gâté une si bonne cause, en la défendant avec tant d’esprit. » Ailleurs, Voltaire s’écriait : « Fallait-il donc se permettre de publier un ouvrage aussi audacieux, quand