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FRAGMENT DE JUSTIFICATION.


de souveraineté [1], où j’exposais le droit qu’avait le peuple de demander une Convention nationale, et celui qu’avait l’Assemblée de la convoquer, par une simple invitation, sans en prescrire les formes, et en se bornant à les indiquer.

Ces mesures furent d’autant plus inutiles, que des déclamations de M. Vaublanc contre le peuple, et l’assertion également impolitique et fausse, que la demande de la déchéance était l’ouvrage d’une faction de sept à huit cents hommes, auraient déterminé le mouvement, s’il n’avait pas été résolu d’avance.

On sonne le tocsin. J’étais à Auteuil ; je me rendis à Paris. J’arrivai à l’Assemblée quelques moments avant le roi. Je la trouvai plus inquiète qu’effraye ; courageuse, mais sans dignité. Je n’étais point dans la confidence, et seulement un peu après la canonnade, un de mes amis vint me dire que l’Assemblée serait respectée.

La commission extraordinaire fut respectée. Elle rédigea très-promptement le décret portant la suspension du roi, la création d’un ministère provisoire élu par l’Assemblée, et la convocation d’une Convention nationale. Ses discussions précédentes l’y avaient préparée, et ce fut l’ouvrage d’une demi heure.

L’Assemblée décréta la suspension au milieu de cent mille hommes armés qui demandaient la déchéance. Ceux qui connaissaient mal l’esprit du peu-

  1. Tome X, p. 531.