Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 10.djvu/149

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sur le préjugé, etc.

pariétaires, n’est-il pas que l’administration prenne la bonne foi pour guide, et que l’État soit tranquille ?

La métropole a-t-elle des colonies qui puissent augmenter sa puissance, elle doit, pour l’intérêt même de cette puissance, ne voir en elles que des parties d’une confédération commune qui ont droit à l’égalité. A-t-elle des colonies de commerce, son intérêt unique est que ses citoyens achètent au meilleur marché des denrées que les colonies produisent ou transmettent, et la liberté seule du commerce peut procurer cet avantage.

Dans l’état actuel des sociétés, le pauvre a intérêt que la propriété des riches soit assurée, puisque le plus grand nombre ne peut subsister que des salaires payés par cette propriété ; et qu’envahir le bien de celui qui possède, ce serait condamner à mourir de faim celui qui ne possède rien, quand même il aurait sa part au pillage.

En un mot, ou les intérêts opposés sont ceux d’un très-petit nombre de tyrans en contradiction avec l’intérêt général, ou bien ce sont les intérêts de deux grandes classes d’hommes ; et alors l’avantage de celle qui opprime est nécessairement presque nul pour chacun de ceux qui la composent, et ne peut entrer en compensation avec le danger auquel ils s’exposent : c’est donc encore à l’intérêt de quelques-uns des chefs de cette classe que l’intérêt commun serait sacrifié. Quel bien revient-il aux neuf dixièmes des Turcs, de la tyrannie que leur nation exerce sur les Grecs, sur les Arméniens, sur les Coptes ?