Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 10.djvu/150

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sur le préjugé, etc.

Quel fruit retire le peuple français des horreurs exercées par les planteurs contre les malheureux habitants de l’Afrique, sinon d’acheter plus cher des denrées souillées de sang et de larmes ?

Mais je dois me borner ici à examiner l’identité ou l’opposition d’intérêts entre une capitale elles provinces du même empire.

Qu’est-ce qu’une capitale ? C’est la ville où résident les pouvoirs qui s’exercent sur la nation entière. Cette résidence y appelle nécessairement plusieurs classes d’hommes : d’abord ceux qui, sous quelque titre que ce soit, sont nécessaires à la décision, à l’expédition, à la sollicitation de ces affaires générales ; ensuite ceux qui, par des vues d’intérêt, d’ambition ou de gloire, cherchent à influer sur les décisions, à obtenir des emplois.

Ces pouvoirs ne peuvent choisir qu’une grande ville pour le lieu de leur réunion, et ils l’augmentent encore ; mais toute grande ville est nécessairement aussi, dans la division de l’État où elle est située, le chef-lieu d’une province ; comme chef-lieu, elle est encore un centre d’affaires moins générales qui y attirent de nouveaux habitants : si au contraire il n’existe pas de telles divisions, alors un plus grand nombre de pouvoirs généraux sont concentrés dans la capitale. De plus, tous les gens riches, tous ceux que le nom de leurs pères, leurs places, leurs actions, leurs talents, ont illustrés, doivent se porter naturellement vers cette résidence ; la curiosité, le plaisir de voir traiter de plus près de grands intérêts, la font préférer aux autres villes opulentes.