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sur le préjugé, etc.

ville si peuplée. Car les causes qui tendent à augmenter le nombre des habitants d’une capitale étant étrangères à sa position, la population ne s’y proportionne pas à ses ressources naturelles, comme dans les autres villes, et il est nécessaire de rétablir cette proportion. C’est aujourd’hui ce que Paris doit attendre de l’équité, osons le dire, de la reconnaissance de l’assemblée nationale ; c’est la juste récompense de son zèle ardent pour la liberté et de son inébranlable soumission.

Dans les raisons qui doivent rassurer les citoyens de Paris, nous n’en avons point compté une qui doit être de la plus grande force ; c’est l’augmentation de prospérité qui naîtra de la nouvelle constitution. Ce progrès, suite nécessaire de la liberté, de l’égalité, deviendra surtout sensible lorsque, par l’effet des principes de la constitution, le commerce et l’industrie auront aussi recouvré une liberté entière.

Or, cette prospérité de toute la nation s’étendra sur la capitale ; on ne sait pas assez combien la tyrannie féodale, fiscale, judiciaire et de police, ôtait aux citoyens de ressources, par les obstacles que mettait à leur activité une crainte vague qui l’arrêtait, qui la décourageait sans cesse. Le mal direct qui résultait de ces diverses tyrannies n’était, sous ce point de vue, qu’une faible partie de celui qu’elles faisaient par cette foule de petites entraves qui gênaient tous les mouvements, tous les projets, toutes les pensées.

Un homme qui voulait faire de ses bras, de son industrie, de son talent, de ses capitaux, de sa terre.