Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 10.djvu/189

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AUX AMIS
DE LA LIBERTÉ,
SUR
LES MOYENS D’EN ASSURER LA DURÉE.

Une nation est libre quand elle n’obéit qu’à des lois conformes aux principes du droit naturel reconnus par elle, faites par ses représentants suivant une forme consacrée par une loi antécédente, et que de plus, la constitution lui assure un moyen de réformer, à des époques et à des conditions fixées pour chaque espèce de lois, celles qui paraissent à la pluralité des citoyens contraires à la justice, ou dangereuses pour la liberté.

Deux raisons principales obligent à ne pas laisser au pouvoir qui a fait les lois, le droit indéfini de les changer. La première, que le motif de se soumettre aux lois est la probabilité qu’elles seront conformes à la vérité. Or, si on peut arbitrairement changer les lois, il n’y a aucune raison de croire conforme à la vérité, celle qui a été faite aujourd’hui de préférence à celle qui a été faite hier. Une loi est une détermination générale, dont les preuves ne peuvent