Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 10.djvu/289

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DE L’INFLUENCE
D’UN MONARQUE
ET
D’UNE COUR
SUR LES MŒURS D’UN PEUPLE LIBRE.

Tous les besoins de la nature sont des liens entre les hommes ; ils les laissent au même niveau. Tous ceux de la vanité sont des chaînes : pour un homme qu’ils élèvent en apparence, ils en assujettissent et dégradent mille autres. Si donc parmi les institutions sociales il s’en trouve une qui alimente nécessairement la vanité, qui donne à quelques hommes des besoins et des habitudes privilégiées, cette institution met en péril la liberté. Elle la mine sourdement, en accoutumant peu à peu à estimer et à rechercher des jouissances qu’il faut payer de la liberté même. Sous cet aspect, la royauté est la plus vicieuse des institutions. Que peut devenir ce monceau d’or que vous mettez aux pieds d’un homme ? D’abord il va payer, d’un prix exagéré les soins nécessaires à son existence ; il va faire envisager au peuple ces