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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 10.djvu/608

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de la nature

voilà un fait : donc chaque citoyen doit contribuer à cette dépense ; voilà l’application de la loi. Cette application devient ensuite la majeure d’un autre syllogisme. Les citoyens doivent contribuer à une telle dépense ; elle est évaluée à tant ; nouveau fait qu’il faut déclarer : donc les citoyens doivent contribuer de telle somme ; l’universalité des citoyens doit contribuer de tant ; telle province[1] doit payer le soixantième de la masse totale : donc telle province doit payer tant. Ainsi, la fonction de bien construire ces syllogismes et de bien établir les faits qui doivent en former les mineures, constitue la seconde espèce de pouvoir dans toutes ses nombreuses subdivisions. Ceux qui en sont les dépositaires n’ordonnent pas, ils raisonnent, ils cherchent à connaître un fait, ou ils le constatent. La raison commune a consenti à la loi : elle a donc également prononcé l’exécution de la loi, et ce vœu est unanime comme celui dont il dérive, le vœu de conformer sa volonté aux règles communes établies d’après l’opinion delà majorité ; la volonté générale est que cette application soit exécutée.

Cette dernière fonction doit nécessairement être déléguée en entier par toute nation qui occupe un territoire trop étendu pour se réunir dans une assemblée unique.

Mais le mode suivant lequel cette délégation est distribuée, les règles imposées aux mandataires,

  1. Province est le mot général qui exprime les divisions immédiates d’un État quelconque. On [es appelle départements en France, palatinats en Pologne, comtés en Angleterre.