core après une grande révolution ; car, alors, la complication n’est pas seulement l’ouvrage des préjugés et des mauvaises lois ; elle est la suite nécessaire des événements ; et il faut que le système social puisse convenir à la fois, et au mouvement qui s’achève, et au calme qui doit y succéder.
Mais ce qui doit, surtout, attacher un peuple libre même aux lois qu’il a immédiatement consenties, ce qui est bien plus nécessaire encore pour lui faire aimer celles qu’il a reçues de ses législateurs et respecter celles même qu’il désapprouve, pour le déterminer enfin à les maintenir par la force irrésistible de sa volonté, même lorsqu’il se défie de ceux qui les font, les appliquent, ou les exécutent ; c’est la conviction intime qu’il peut, lorsqu’il le voudra, obtenir le changement de ces lois, et principalement celui des règles constitutionnelles qui établissent les fonctions sociales, en fixent les bornes, en déterminent l’action. C’est alors que, n’ayant plus à craindre, ni d’entreprise contre sa liberté, ni d’injustice durable, il peut se livrer, sans crainte, à ce sentiment de respect scrupuleux pour les lois établies, de soumission aux autorités légitimes, base nécessaire de cette paix publique, sans laquelle toute société tend continuellement à des révolutions nouvelles, et, toujours malheureuse et agitée, flotte au hasard entre la désorganisation et la tyrannie. Ce sentiment est un de ceux que les hommes dignes de la liberté montrent avec le plus d’orgueil, parce que ce sacrifice d’une indépendance dont ils sentent tout le prix, honore à la fois, et leur raison, et leur