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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 12.djvu/628

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objet de maintenir cette révolution, et d’en accélérer ou régler la marche.

Une mesure révolutionnaire est celle qui peut en assurer le succès.

On entend alors que ces lois, ces mesures, ne sont pas du nombre de celles qui conviennent à une société paisible ; mais que le caractère qui les distingue, est d’être propres seulement à un temps de révolution, quoique inutiles ou injustes dans un autre.

Par exemple, une loi qui proscrirait, en France, les noms de famille, de manière que chacun portât un nom personnel, auquel il ajouterait, dans les actes, celui de son père, afin d’éviter une confusion contraire au bon ordre, une telle loi pourrait s’appeler révolutionnaire. En effet, dans un pays éclairé, où les principes de l’égalité naturelle seraient consacrés par une longue habitude, il serait absurde de craindre la perpétuité des noms, et dès lors il y aurait une légère injustice à la défendre.

Mais en France, où les préjugés d’inégalité sont plutôt comprimés qu’anéantis, où la haine qu’ils inspirent est trop violente pour qu’ils soient encore tombés dans tout le mépris qu’ils méritent ; en France, cette loi pourrait être utile : elle ôterait tout espoir de ressusciter, soit la noblesse, soit même les distinctions de naissance.

A Rome, où l’inégalité était consacrée par la constitution, et par presque toutes les institutions sociales, on avait systématiquement arrangé la perpétuité des noms de famille. On portait celui de la