et de violences ; en conséquence, les philosophes se contentaient presque toujours de combattre ce système d’ïnjustice et d’oppression, en établissant les principes de la morale universelle. Ils les employaient dans leur généralité métaphysique. Ils s’occupaient d’autant moins des exceptions, qu’ils voyaient sans cesse les oppresseurs croire justifier tous les abus, tous les crimes, en les présentant comme des exceptions exigées par une impérieuse nécessité.
Ainsi, dans l’embarras de distinguer ce que les circonstances rendaient légitime, on trouva plus court d’en tirer une excuse vague, et de faire embrasser avec chaleur, comme nécessaire, ce dont on ne savait trop comment prouver la justice.
Il est peut-être temps, aujourd’hui, de substituer des règles plus fixes à cette marche, commode, mais dangereuse.
Lorsqu’un pays recouvre sa liberté, lorsque cette révolution est décidée, mais non terminée, il existe nécessairement un grand nombre d’hommes qui cherchent à produire une révolution en sens contraire, une contre-révolution, et qui, confondus avec la masse des citoyens, deviendraient dangereux, si on leur permettait d’agir de concert, de réunir à eux tous ceux qui, partageant leurs sentiments, sont retenus par la crainte ou la paresse. Voilà donc un danger contre lequel il est juste de se défendre ; ainsi, toute action, même indifférente, qui augmente ce danger, peut devenir l’objet d’une loi répressive, et toute action qui tend à le prévenir peut légitimement être exigée des citoyens.