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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 12.djvu/632

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Le pacte social a pour objet la jouissance égale et entière des droits qui appartiennent à l’homme ; il est fondé sur la garantie mutuelle de ces droits. Mais cette garantie cesse à l’égard des individus qui veulent le dissoudre ; ainsi, quand il est constant qu’il en existe dans une société, on a droit de prendre les moyens de les connaître, et quand on les connaît, on n’est plus restreint à leur égard que par les limites du droit de la défense naturelle. De même, si un droit plus précieux est menacé ; si, pour le conserver, il est nécessaire de sacrifier l’exercice d’un autre droit moins important, exiger ce sacrifice n’est pas violer ce dernier droit ; car il cesse alors d’exister, puisqu’il ne serait plus, dans celui qui ie réclamerait, que la liberté de violer dans autrui un droit plus précieux.

Dans l’incendie de Londres, en 1766, on ne coupa point le feu, parce que la loi défend d’abattre les maisons ; on laissa brûler les meubles et les marchandises des absents, parce qu’elle défend, d’enfoncer les portes. N’imitons pas cet exemple.

Mais en Angleterre, quand on veut violer la loi, quand on veut que le roi puisse librement exercer des actes de tyrannie, on suppose une conspiration. C’est ce qu’on a vu se répéter deux fois dans les dernières années de Charles II ; ce que George Ier ne manqua point de faire ; ce que George III imite si glorieusement dans ce moment même ; et l’on doit également éviter cet exemple en sens contraire.

Plus la loi révolutionnaire s’écarte des principes