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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 12.djvu/662

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que toutes les classes, etc.

il faut que vous ayez des cultivateurs ou des propriétaires en état de faire de grosses avances. Voulez-vous que le commerce fleurisse ? il faut que vous ayez des hommes qui puissent y placer des capitaux considérables. Et ces progrès, dus aux propriétaires, aux cultivateurs, aux capitalistes plus riches, sont utiles, sont nécessaires à la prospérité des cultivateurs moins aisés, et des petits commerçants. Il ne s’agit pas ici de maintenir une grande inégalité ; il s’agit seulement de tout abandonner à la volonté libre des individus, de seconder, par des institutions sages, la pente de la nature, qui tend à l’égalité, mais qui l’arrête au point où elle deviendrait nuisible. Alors la fortune ne se fixe point dans un certain nombre de familles, dans une classe d’hommes ; mais elle circule dans la masse entière, et elle y circule sans ces grands déplacements qui, s’ils sont subits, dérangent le cours des travaux, de l’industrie, du commerce ; et, en détruisant la fortune d’un grand nombre de riches, tarissent les ressources d’un plus grand nombre de ceux qui ne le sont pas.

L’intérêt de tous est que les fortunes se divisent ; mais il l’est aussi que chacun puisse accroître la sienne autrement que par la thésaurisation, et surtout qu’il puisse se croire sûr de la conserver et d’en jouir.