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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/120

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BARTHOLIN.


aucun genre, et que cette teinte de ridicule qui s’y mêle souvent n’est pas elle-même sans quelque utilité. Il est si doux pour la médiocrité d’avoir, sur les hommes supérieurs, l’avantage d’être incapable de ces écarts, ou du moins de pouvoir les cacher, que cette idée la console et la désarme ; elle les aurait poursuivis si elle n’avait pu en rire ; et le moyen le plus sûr pour qu’ils aient le bonheur d’échapper à la haine, c’est peut-être de donner prise au ridicule.

Peu d’écrivains ont été aussi féconds que Bartholin : on voit dans les bibliographies le titre de quatre-vingt-treize de ses ouvrages. Dans ce nombre on en trouve d’un genre singulier.

Quoiqu’en 1680 les astronomes ne regardassent plus les comètes que comme des corps célestes très-éloignés de la terre ; quoiqu’ils eussent déjà calculé l’orbite apparente de ces corps, en la considérant comme une ligne droite ou comme un cercle, le peuple et bien des gens qui n’étaient peuple que par leurs préjugés, furent effrayés de la comète qui parut alors.

Bayle combattit cette erreur par un livre qui fit d’autant plus de bruit, que l’auteur y parla très-peu de ce qui était le sujet ou plutôt l’occasion de son ouvrage.

Bartholin, trop instruit en mathématiques et en astronomie pour croire que ce préjugé dût être attaqué sérieusement, ne le combattit que par une plaisanterie. Il publia une dissertation où il proposait des remèdes contre les émanations de la comète,