Aller au contenu

Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/123

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
103
BARTHOLIN.


son observation même trois ans avant l’époque où Gaspard Bartholin démontra l’existence de ce conduit à Borrichius et à Jacobéns, qu’il cite pour témoins de sa découverte. Ces exemples sont communs dans toutes les sciences ; mais il faut être fort réservé dans l’accusation de plagiat, dont on charge trop souvent un des deux concurrents, surtout lorsque tous deux ont prouvé d’ailleurs qu’ils possèdent le talent des découvertes : en effet, quand plusieurs hommes, ayant les mêmes connaissances, employant les mêmes méthodes, s’occupent des mêmes objets, recherchent une même chose, on ne doit pas s’étonner que plusieurs parviennent à la saisir en même temps.

L’on peut remarquer que tous les savants de cette famille illustre réunissaient le goût de l’érudition à celui des sciences naturelles, l’étude des mathématiques à celle de anatomie ; que tous enfin ont suivi la même méthode d’étudier en grand la nature, sans se borner à l’observer dans une seule espèce ; que tous ont été chercher dans toute l’Europe les hommes qui y enseignaient les sciences naturelles ; méthode excellente, parce que si les hommes de génie mettent dans leurs livres ce qu’ils ont vu de la nature, ils ne peuvent y mettre la manière d’apprendre à la voir comme eux.

Les savants de la famille Bartholin persistèrent dans leur état de médecins et de professeurs pendant trois générations. Persuadés que des lumières et une honnêteté sans tache font plus pour le bonheur que de grandes richesses, ils dédaignèrent de faire