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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/154

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LE SEUR.

Ils entreprirent le commentaire sur les Principes de Newton. Cet ouvrage du philosophe anglais, que peu de géomètres même étaient en état d’entendre lorsqu’il parut, est rempli de propositions que Newton avait trouvées par une méthode dont il semblait s’être réservé le secret. Les démonstrations synthétiques où il avait suivi la marche de la géométrie ancienne, ne pouvaient servir à retrouver la route qui l’avait conduit à ses découvertes. Le seul moyen de rendre cet ouvrage intelligible au commun des mathématiciens, était de substituer à la méthode ancienne, les méthodes nouvelles qui pouvaient fournir des démonstrations plus directes, et qui dispensent d’efforts de tête si fatigants. Newton avait inventé ces mêmes méthodes, mais il ne les avait pas employées dans son ouvrage. On l’a soupçonné d’avoir voulu cacher sa marche, pour exciter encore plus d’admiration : ostentation bien indigne d’un si grand homme, et dont jamais personne n’eut moins besoin que lui. Ne serait-il pas plus naturel de croire que Newton, aussi simple dans ses ouvrages que dans tout le reste de sa longue et glorieuse carrière, a employé la méthode des anciens, seulement parce qu’elle lui était plus familière que celles même qu’il venait de découvrir, et parce que, dans le temps où les Principes mathématiques parurent, ils auraient été encore moins entendus, surtout en Angleterre, s’il y eût déployé tout l’appareil de la nouvelle analyse ?

Les pères Le Seur et Jaquier firent leur commentaire eu commun, ou plutôt chacun d’eux fit de