à Portobello, traversèrent l’isthme de Panama, s’embarquèrent dans cette ville, et arrivèrent enfin à
Guayaquil. Il fallait aller à Quito par terre : M. de la
Condamine se sépara de ses confrères, afin d’embrasser
dans leurs observations une plus grande
étendue de pays ; et on croira sans peine qu’il
choisit le chemin le plus difficile. Obligé de traverser
des forêts où il fallait s’ouvrir un passage avec
la hache, il marchait à pied sa boussole à la main,
et faisant toujours des observations de botanique.
Ses guides l’abandonnèrent : il erra huit jours dans
ces déserts, sans autre nourriture que des fruits
sauvages, et tourmenté par une fièvre dont heureusement
cette diète forcée le guérit. Cependant
il s’avançait dans les Cordillères, gravissant entre
des fentes de rocher, traversant des torrents sur
d’immenses claies de lianes qui servent de pont,
et qui, attachées aux deux rochers opposés, se courbent
sous le poids du voyageur, et le balancent au
gré des vents.
Arrivé enfin au sommet d’une de ces chaînes de montagnes qui forment les Cordillères, il entra dans une vallée riante où tous les arbres étaient couverts à la fois de fleurs et de fruits, où les travaux des semailles étaient réunis à ceux de la récolte. C’est au fond de cette vallée qu’est située la ville de Quito, où les académiciens se trouvèrent réunis après treize mois de voyage. Les fonds apportés de France, les lettres que le roi d’Espagne avait données sur les caisses royales, étaient déjà épuisés. M. de la Condamine avait pris des lettres particulières