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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/210

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ÉLOGE DE M. LA CONDAMINE.


l’équateur, longueur vérifiée par cinq habiles observateurs, d’après une longue suite d’expériences ; et cette mesure, qu’aucune idée de vanité nationale n’aurait fait rejeter par aucun peuple, ne pouvait changer qu’avec une révolution dans le globe. Il y avait longtemps que ce projet occupait M. de la Condamine ; et c’est en partie dans cette vue que ses recherches sur la longueur du pendule tiennent une place si considérable parmi les travaux de son voyage.

Nous voici arrivés à l’époque la plus glorieuse pour lui, au moment d’une vie toujours si bien employée, où peut-être il a été plus utile : je veux parler de ses ouvrages en faveur de l’inoculation. Parmi les maux que les conquêtes ont faits à l’espèce humaine, un des plus cruels du moins par sa durée, est d’avoir répandu sur la surface de la terre entière, les vices, les erreurs et les maladies de chaque climat. C’est ainsi que les conquêtes des Arabes, les croisades et les brigandages des dévastateurs de l’Amérique ont porté dans tout le globe, des maux que la nature avait cachés dans les déserts de l’Arabie et dans les forêts des Caraïbes. Peu d’hommes évitent la petite vérole : environ un quatorzième de l’espèce humaine en est la victime ; et parmi ceux dont elle épargne la vie, combien n’y en a-t-il pas qui restent ou défigurés, ou condamnés à des infirmités qui rendent la vie amère, et ne finissent qu’avec elle ? On observa bientôt que cette maladie n’attaque qu’une seule fois chaque individu, ou du moins que les rechutes en sont trop rares [1],

  1. On ne connaît aucune observation faite avec assez de soin.