pour qu’un homme sensé puisse les craindre, ou se
précautionner contre elles : on vit ensuite qu’il y a
des circonstances où cette maladie est plus bénigne,
et qu’on éviterait une partie du danger, si on pouvait
choisir le temps où on l’éprouverait. On savait
enfin qu’elle se communique, soit par l’attouchement
d’un malade qui en est attaqué, soit en
respirant le même air que lui : de là vint l’idée
d’une sorte d’inoculation qu’on a trouvée presque
partout établie de temps immémorial. On voit, dans
nos villages, des parents exposer leurs enfants à la
contagion de la petite vérole, parce que cette maladie
est regardée comme moins dangereuse à cet
âge. Il y a loin de cet usage à la pratique de l’insertion, à une méthode par laquelle on peut
non-seulement choisir le temps de la maladie, mais encore
en diminuer les dangers au point de la réduire à
une incommodité légère. Cependant l’inoculation,
que des peuples si éclairés n’ont adoptée qu’après
tant de résistance, s’était établie sans peine chez
une nation à demi barbare. Cette pratique, si salutaire
pour conserver la vie des hommes, et, ce qui
n’est pas moins important peut-être, la beauté des
femmes, tire son origine de la Circassie, d’un pays
où cette beauté est un objet de commerce. Un médecin
grec la répandit parmi les chrétiens de Constantinople.
Milady Montaigu l’apporta en Angleterre,
d’où il semblait qu’elle dût se répandre en peu de
et par des hommes assez dignes de foi, pour qu’il en résulte véritablement, que de pareilles rechutes ont eu lieu.