la plupart de ses secrets ; une foule de découvertes
ajoutèrent à la perfection de nos arts : mais en cherchant à connaître les secrets des autres nations, il
ne cherchait pas à leur cacher ceux de nos
manufactures ; ces idées mercantiles, qui font regarder
l’industrie étrangère comme ennemie, et supposer
qu’il existe dans les arts et dans le commerce un intérêt
national séparé de l’intérêt général de l’humanité ;
ces idées étaient trop éloignées des principes
de M. Trudaine, et surtout de son caractère. Il était
convaincu que les hommes de tous les pays n’ont
qu’un même intérêt, celui que toutes les terres produisent le plus qu’il est possible, et que chez toutes
les nations, les arts soient au plus haut degré de
perfection, puisque le véritable intérêt de tous les
hommes est d’avoir, avec le plus d’abondance, des
denrées meilleures et des marchandises plus perfectionnées.
M. Trudaine ne songeait à multiplier en France que les productions qui conviennent à sa terre, à son climat. Cette manière de forcer toute terre à tout produire ; d’arracher d’un sol les plantes qu’il se plaît à nourrir, pour le charger de productions qui n’y croissent qu’à regret et à force de dépenses ; d’exécuter à grands frais, chez soi, ce qu’on peut tirer à bon marché de l’étranger : ces petites vues avaient cédé à des vues plus profondes. L’idée de flatter la vanité nationale, par une indépendance prétendue de toute production étrangère, ne pouvait guider un administrateur aussi éloigné que M. Trudaine de toute charlatanerie politique : il vou-