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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/244

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ÉLOGE DE M. TRUDAINE.


lait seulement enrichir le peuple par l'augmentation des productions de la terre, par l’emploi le plus utile de ses productions.

Toute protection, toute faveur accordée à une branche particulière d’industrie, lui paraissaient souvent un mal et presque toujours une injustice : ainsi il ne lui restait, pour encourager l’industrie qu’il croyait la plus utile, que deux moyens, l’instruction et l’exemple ; et jamais il ne se crut permis d’en employer d’autres.

Le talent d’invention dans les arts méritait des récompenses particulières ; et c’est précisément pour ces idées nouvelles, inconnues, dédaignées, quelquefois même combattues par ceux à qui elles seraient le plus utiles, que le gouvernement doit avoir des encouragements. Sous l’administration de M. Trudaine, ces récompenses se bornaient souvent à acheter, des artistes, un certain nombre de machines qu’ils avaient imaginées : on distribuait ces machines dans les manufactures ; les découvertes se répandaient avec plus de rapidité ; et ces récompenses étaient encore utiles au public, au lieu de lui être à charge.

Économe des trésors du peuple, il faisait rarement des avances ; il fallait du moins que la probité des artistes répondît de l’emploi de ces avances, et leurs talents du succès de leurs tentatives.

Mais des marques d’estime et de confiance encourageaient les hommes qui travaillaient utilement ; des distinctions honorables attendaient ceux qui se signalaient d’une manière plus grande ; et ce qui