uniquement la qualité de noble de l’Empire, que le
roi d’Angleterre avait obtenue pour lui de la chancellerie impériale. Cette décoration pouvait être utile à sa famille, si elle restait à Gottingue, mais ne pouvait illustrer un citoyen né dans une république, où
le titre de noble est inutile, et dans laquelle, au lieu
de la noblesse telle qu’on la connaît dans les monarchies
de l’Europe, les familles puissantes ont
obtenu des prérogatives héréditaires plus réelles.
Aussi M. de Haller refusa-t-il constamment le titre
de baron qui n’aurait pu flatter que sa vanité, et qui
peut-être lui eût fait un tort réel dans sa république,
où ces titres étrangers sont en même temps
dédaignés et regardés avec jalousie comme une distinction
odieuse.
Pendant son séjour à Gottingue, il avait réuni tous les avantages qu’il pouvait désirer : la considération publique, les marques d’estime des savants étrangers, le succès de ses établissements pour les sciences, le plaisir de faire des découvertes utiles, et la gloire que ses travaux lui méritaient. Mais des malheurs domestiques avaient troublé sa vie ; une femme chérie lui fut enlevée, un mois seulement après son arrivée : elle mourut d’une fausse couche, causée par une chute qu’elle avait faite en suivant son mari à Gottingue ; et toutes les circonstances qui pouvaient rendre cette perte plus amère s’étant réunies pour accabler M. de Haller, il adoucit ses douleurs en peignant, dans des vers remplis d’une mélancolie douce et profonde, les vertus et les grâces de celle qu’il pleurait. Une seconde femme,