par le sort en 1753 ; car on suit à Berne cette manière
de donner les magistratures. Elle peut d’abord
paraître singulière ; mais lorsque le sort ne prononce
qu’entre des hommes que la voix de leurs
concitoyens a déjà choisis, et qu’elle a déclarés capables d’occuper les places, cette forme de scrutin
a peut-être moins d’inconvénients qu’une élection
rarement exempte de séduction on de brigues. C’est
une des considérations les plus importantes dans
l’établissement d’une constitution politique, de n’exiger
des hommes qu’une vertu ordinaire, et de ne
leur supposer qu’une méchanceté commune. Ainsi
l’on ne doit pas espérer qu’en donnant leur suffrage
pour remplir une magistrature particulière, le plus
grand nombre des citoyens sacrifient à l’intérêt de
la patrie l’intérêt présent de leur fortune, de leur
famille ou de leurs amis ; et l’on peut croire qu’il
sera moins dangereux de s’en rapporter au hasard
qu’à l’ambition et à l’intrigue. Mais aussi ne doit-on
pas craindre qu’en choisissant les membres d’un
sénat, le grand nombre puisse être assez vicieux,
ou sache calculer assez profondément des projets
d’ambition et de fortune, pour se croire intéressé
à n’accorder le pouvoir qu’à des hommes incapables
ou corrompus. Et l’on confie au zèle, à la probité
des citoyens, ce qu’il serait imprudent d’abandonner
au sort.
Nous allons maintenant considérer M. de Haller dans une nouvelle carrière, où l’on prétendait jadis dans les hommes livrés à l’étude ne devaient pas espérer de réussir. Nous ne combattrons pas ici par