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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/335

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ÉLOGE DE M. DE HALLER.


que toujours à la médecine des observances superstitieuses ; qu’ils emploient des remèdes, tantôt simples, tantôt bizarres, et souvent des secrets que le hasard leur a révélés, ou qu’ils se vantent de devoir à une grâce particulière de la Providence ; qu’ils annoncent même quelquefois un remède universel, ressource commode qui dispense le médecin de toute étude, et rassure les malades contre les erreurs qu’il pourrait commettre.

M. de Haller eût voulu prévenir les accidents trop fréquents que causent l’ignorance ou la coupable hardiesse de ces charlatans, et les maux plus grands peut-être que produisent les préjugés ridicules introduits ou enracinés par eux dans l’esprit du peuple.

Mais il savait combien on doit en même temps respecter le droit si naturel, et la liberté si chère à l’homme qui souffre, de choisir celui à qui il veut demander des consolations et des secours. En effets le seul moyen peut-être de préserver le peuple des suites de sa confiance aux charlatans, sans blesser cette justice éternelle et inflexible qui doit présider à toutes les lois, serait de ne réprimer que la fourberie, et de ne s’opposera l’ignorance qu’en multipliant l’instruction et les lumières.

M. de Haller, accoutumé à n’admettre aucune opinion sans avoir remonté à ses premiers principes, et à se rendre compte de toutes ses idées en les écrivant dans un ordre méthodique, n’avait pu s’occuper longtemps d’administration sans s’être formé un système régulier et complet d’économie politique ; il le publia dans trois ouvrages auxquels