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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/358

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ÉLOGE DE M. DE LINNÉ.


la nature qui, occupée de perpétuer les espèces, semble en avoir multiplié les moyens, même au point d’en préparer d’inutiles.

Lorsque les parties mâles et les parties femelles, les étamines et les pistils se trouvent dans une même fleur, leur disposition paraît quelquefois s’opposer à la reproduction ; mais si le pistil est plus élevé que le sommet des étamines, alors l’anthère des étamines, c’est-à-dire, la vésicule qui les termine, et qui renferme la poussière fécondante, lance avec force cette poussière qui s’élève jusqu’au pistil, ou bien le pistil se courbe pour se joindre aux anthères : si les fleurs sont disposées soit en grappes, soit en épis, les fleurs inférieures sont fécondées par celles qui sont au-dessus ; quelquefois les fleurs penchées vers la terre, et dont alors les étamines se trouvent au-dessous du pistil, se relèvent dans le temps delà fécondation, pour donnera ces organes la disposition nécessaire à la reproduction de la plante.

Dans les espèces où ces parties sont placées sur des fleurs différentes, mais sur le même individu, le vent, ébranlant les branches des plantes, fait tomber des étamines une pluie de poussière qui est reçue par les pistils.

Enfin, si les individus eux-mêmes sont séparés, les poussières emportées au loin par le vent, répandues dans tout l’espace, et agitées en tout sens, parviennent enfin jusqu’aux fleurs femelles : dans quelques espèces même, des insectes, conformés de manière que les fleurs des deux individus sont nécessaires à leur existence, portent, d’une plante