même, et non l’art de la guerre, qui est funeste : à mesure même que l’art se perfectionne, les maux qu’elle enfante deviennent moins cruels ; car, plus
les succès dépendent de la science et du talent,
moins les passions et la fureur multiplient les massacres
et la dévastation. Ainsi, en même temps que
les progrès des lumières en morale rendront les
guerres plus rares et moins acharnées, les progrès
des lumières en physique les rendront moins sanglantes
et moins destructives. Il est donc permis,
sans blesser l’humanité, de louer des travaux qui ont
pour objet la perfection d’un art destructeur. Il est
permis de célébrer le génie qui crée de nouveaux
moyens de défendre la patrie, et de forcer à la paix
ceux qui l’ont troublée ; et l’on ne doit détester que
la politique meurtrière qui fait de ces moyens de
conservation et de tranquillité un instrument d’injustice
et de destruction.
M. le chevalier d’Arci donna un premier mémoire sur l’artillerie en 1750, continua longtemps ses expériences, et en rassembla les résultats dans l’Essai sur l’artillerie, publié en 1760. L’auteur trace, dans son ouvrage, le plan d’une théorie générale de l’artillerie, plan qu’il ne se propose pas de remplir en entier ; il sentait que cette théorie ne pouvait être appuyée que sur des expériences nouvelles, et que ces expériences demandaient de nouveaux moyens.
Un des objets les plus importants était la connaissance de la poudre. Il fallait déterminer, par des expériences exactes, quelle proportion dans les parties constituantes, quelle qualité de grain, quels pro-