grand, que, dans une critique de son exposition
anatomique, on calcula que ce nombre exigeait à
peu près cent quatre ans de dissections. On ignorait
sans doute que le secret de ne point perdre de
temps est plus quç le secret de le doubler : cependant,
comme il est impossible qu’un seul médecin,
quelque actif, quelque employé qu’il puisse être, ait
eu le malheur d’être témoin de toutes les manières
de passer des douleurs à la mort, M. Lieutaud avait
été obligé de rapporter plusieurs faits d’après des observations étrangères ; et, dans cette partie de son ouvrage, il a joint à une critique saine dans le choix
des observations qu’il rapporte, beaucoup de précision
et de méthode dans la manière de les exposer.
M. Lieutaud avait été nommé médecin des enfants de France, et ensuite de M. le Dauphin : à l’avènement de ce prince au trône, la place de premier médecin était vacante, et il fut nommé pour remplir, auprès du nouveau monarque, les fonctions qu’il remplissait déjà auprès de sa personne, sous un autre titre. La faveur n’eut aucune part à ce choix ; il paraît singulier d’en faire la remarque, car il semblerait que, s’il est un objet sur lequel les princes doivent avoir la force de se défendre des pièges de l’intrigue, c’est celui qui intéresse si directement leur personne : cependant il y a eu des exemples de l’influence de l’intrigue, même sur le choix d’un médecin. Ces exemples, en attestant avec quelle adresse elle sait préparer et faire agir ses ressorts, prouvent sans doute le malheur de la condition des rois ; mais ils leur servent aussi d’excuse pour les