des animaux asphyxiés avaient été rappelés à la vie
par l’alcali volatil. Agissait-il comme stimulant ou
comme alcali ? Était-ce un effet organique ou un
effet chimique qu’il produisait ? C’est ce que M. Bucquet
crut devoir examiner par une suite d’expériences,
et il en résulte que, dans cette circonstance, l’alcali
n’agit que comme stimulant, puisque la vapeur
du vinaigre, la vapeur plus pénétrante du soufre et
surtout l’eau froide appliquée à l’extérieur, sont pour
le moins aussi efficaces que l’alcali volatil, et cependant ne neutralisent certainement point l’air gazeux.
Ainsi, l’application de la chimie à la médecine était encore un des grands objets que M. Bucquet suivait avec ardeur ; car il avait formé des plans assez vastes pour remplir la vie de plusieurs savants : son activité l’empêchait de sentir combien le temps est court, même pour ceux qui l’emploient le mieux, et surtout de s’apercevoir que ses forces ne lui permettaient ni de faire de grands efforts, ni de se flatter de l’espérance d’une longue carrière. C’est sans doute à cause de l’étendue même de ses projets, que nous ne trouvons point dans les ouvrages de M. Bucquet autant de choses neuves qu’on aurait du en attendre de tant de sagacité et de tant d’ardeur : c’était contre les grandes difficultés qu’il aimait à lutter ; c’était vers des vérités générales et importantes, vers de grandes théories qu’il avait dirigé ses efforts ; et si, dans les sciences d’observation, le génie seul découvre des vérités isolées, il lui faut le secours du temps pour trouver et développer des systèmes entiers de vérités nouvelles.