à appuyer sa théorie sur des expériences auxquelles
il pût appliquer tout ce que la géométrie de son
temps lui fournissait de secours. Son livre traite de
l’hydrostatique, ou de la science de l’équilibre des
liqueurs, et l’expérience lui en donne les premiers
principes et les lois. Galilée et Pascal venaient de
ressusciter cette science connue des anciens, et négligée
des philosophes de l’école ; et les expériences
étaient alors la seule espèce de démonstration qui
pût étendre la connaissance de ses principes.
Les théories nouvelles les mieux prouvées font peu de progrès, tant qu’elles ne sont appuyées que sur des principes abstraits ; même les meilleurs esprits, accoutumés à certaines idées abstraites acquises dans la jeunesse, rejettent toutes celles qui ne se lient pas aisément avec les premières, et toutes les vérités spéculatives dont on ne peut leur donner des preuves sensibles sont absolument perdues pour eux. Ainsi, toutes les fois qu’un homme de génie propose des vérités nouvelles, il n’a pour partisan que ses égaux, et quelques jeunes gens élevés loin des préjugés des écoles publiques : le reste ne l’entend point ou l’entend mal, le persécute ou le tourne en ridicule. Il ne peut échapper à ce malheur qu’en attaquant, avec des expériences palpables ou par la séduction de l’éloquence, des erreurs que le temps et l’ignorance ont consacrées, et contre lesquelles la raison seule n’agit qu’avec lenteur.
Après avoir mis les principes déjà connus de l’hydrostatique à l’abri de mauvaises objections, Mariotte chercha les lois du mouvement des fluides. Cette