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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/495

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ÉLOGE DE M. DE MAUREPAS.


qu’elle est trop compliquée ; celle qui est nécessaire à la pratique peut toujours, lorsqu’elle a été développée par les inventeurs, être mise à la portée de la force commune des esprits. M. de Maurepas sentit ces vérités, et crut devoir attacher à la marine des géomètres et des astronomes : non content d’employer ceux que lui offrait la capitale, il y appela le célèbre Bouguer, que sa modestie avait retenu dans sa patrie, et que la voix publique montrait au ministre comme un des hommes qui ont réuni, à un plus haut degré, le génie de l’expérience et de l’observation à des connaissances profondes dans les mathématiques.

L’art de la construction des vaisseaux, qui tient à la fois à tout ce que les sciences ont de plus abstrait et de plus profond, à ce que les arts mécaniques ont de plus difficile et de plus minutieux ; cet art se bornait en France à la simple routine : nos constructeurs n’étaient, pour ainsi dire, que des charpentiers. Non-seulement chacun d’eux s’assujettissait, dans ses constructions, à des plans particuliers que l’habitude, l’instinct ou quelques premiers succès le portaient à préférer ; mais ils faisaient même de ces plans une sorte de secret. M. de Maurepas voulut que l’art de la construction devînt une science, et surtout il crut utile d’en bannir toute espèce de mystère. Il savait que les secrets des arts, dont une politique peu éclairée rend quelques nations si jalouses, ne sont jamais assez bien gardés pour que le mystère soit utile, et qu’ils servent bien moins à donner à un peuple une supériorité exclu-