sive, qu’à tenir la nation tout entière dans la dépendance de quelques artistes, et opposer aux progrès de ces mêmes arts un obstacle presque insurmontable.
Il fut aidé, dans ce projet, par un de ces
hommes en qui le talent est indépendant de l’éducation.
M. Olivier, constructeur de vaisseaux, vit
que son art avait besoin du secours des sciences
mathématiques, et il quitta tout pour les étudier.
Plus il s’instruisait, plus il sentait le besoin d’une
grande réforme. Il s’adressa directement au ministre,
auquel il était inconnu ; et le ministre, frappé
de la justesse de ses vues, appuyées du suffrage de
M. Duhamel, s’empressa de les seconder. M. Olivier
fut envoyé en Angleterre pour y étudier un art qui
alors y était plus avancé qu’en France. M. de Maurepas
établit à Paris une école publique pour les
constructeurs ; il désira que cet art fût développé
dans un ouvrage mis à leur portée ; il voulut répandre
dans le public la connaissance des bois employés
dans la marine, de leurs usages, de leurs
différentes qualités. La direction de cette école, la
composition de ces différents ouvrages, les expériences
nécessaires pour confirmer ou rectifier les
connaissances qu’on avait déjà ; tous ces objets furent
confiés à M. Duhamel, qui depuis longtemps
avait mérité la confiance du ministre, par un zèle
actif et désintéressé, par des conseils utiles en plus
d’un genre, et qui tour à tour chimiste, physicien,
botaniste ou mécanicien, a parcouru toutes les
branches de l’agriculture et des arts, guidé dans
toutes ses recherches par l’utilité publique, et
pré-
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ÉLOGE M. DE MAUREPAS.