fois des esclaves de la faveur, et en reconnut plusieurs,
qui, après vingt-cinq ans d’oubli, vinrent lui
répéter avec confiance les mêmes protestations de
dévouement et de zèle, lui faire entendre les mêmes
flatteries, et le fatiguer d’une reconnaissance que
de nouvelles espérances avaient enfin réveillée.
M. de Maurepas ne leur montra ni indignation ni
dédain ; peut-être même n’eut-il point pour eux plus
de mépris que pour ses autres flatteurs ; peut-être
fut-il moins indigné de leur bassesse que frappé de
leur maladresse et amusé de leur secret embarras.
L’habitude des affaires apprend à mal penser des
hommes ; et cette mauvaise opinion de l’humanité
est un malheur attaché aux grandes places. Ce n’est
pas que ceux qui habitent les cours et les capitales
soient beaucoup plus corrompus que les autres
hommes ; la différence à cet égard est plus petite
peut-être qu’on ne l’imagine communément ; mais
un ministre est obligé d’arrêter sans cesse ses regards
sur ce qui s’écarte de l’ordre, et ce qui s’y conforme
lui échappe presque nécessairement. Si on s’adresse
à lui, c’est presque toujours pour lui demander de
faire une injustice ou de la réparer ; chaque affaire
nouvelle lui découvre donc un méchant de plus ou
une nouvelle preuve de la corruption humaine. Les
gens avides l’assiègent, et les hommes vertueux ne
s’empressent pas autour de lui. L’amour du bien
public, le zèle pur et éclairé du citoyen n’a point
cette activité importune que donne l’intérêt personnel.
Ce zèle parle hautement et avec force ; mais
il ne se fait entendre qu’une fois : si on le repousse,
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ÉLOGE M. DE MAUREPAS.